2013, l’année du Big Data
Interview de Yannick Bazin, fondateur du salon eCom Genève
Ancien directeur de projet web et consultant e-commerce, Yannick Bazin a lancé en 2010 le salon Swissgento Genève. Fort de cette expérience, il décide de réorienter sa carrière professionnelle dans l’event B2B et reprend le créneau laissé vacant par les organisateurs lyonnais des « Conventions e-Commerce de Genève ». C’est ainsi que naîtra en 2011 eCom Genève. Grâce à sa connaissance du marché français (il a travaillé sur Paris pour l’agence Nurun) et romand (agence Scalena), il s’est constitué un important carnet d’adresses. Des sésames incontournables pour réussir de tels événements en Romandie comme en témoigne la forte fréquentation des deux premières éditions du eCom Genève. Pour le troisième rendez-vous (mardi 30 avril 2013 à Palexpo), cet organisateur a franchit un pas en proposant en même temps la 1ère édition du salon du Swiss IT Business (SITB).
Yannick Bazin, quels seront les points fort de l’édition 2013 ?
Nous avons développé notre offre de conférences. Cette année nous passons de 35 à 56 propositions en une seule journée et lançons le système de rendez-vous d’affaires. Désormais, un salon ne peut plus se limiter à une seule halle remplie d’exposants. Mais quels thèmes couvrir ? Etant donné la taille du marché romand, nous ne pouvions nous cantoner aux seules problématiques concernant l’e-commerce, nous avons donc élargi le champ avec des thématiques plus généralistes englobant aussi bien le mobile, le digital que le eMarketing.
Comment avez-vous choisit les thèmes qui seront traités ?
Ils se sont imposés d’eux-mêmes. Chaque année, les conférenciers viennent avec des sujets en relation avec l’actualité. En 2013, trois tendances s’imposent clairement. La première a trait à l’optimisation du ROI. Après avoir lancé une boutique en ligne ou ouvert un site d’e-commerce, comment rentabilise-t-on ces investissements ? Le second intérêt, et c’est nouveau, concerne le web design et l’UX. Le développement des sites en HTML5 pousse aujourd’hui les entreprises à réfléchir à l’ergonomie de leurs sites web et applications mobiles. Faire du responsive design implique une réflexion en amont qui doit intégrer l’expérience utilisateur. Enfin, le troisième sujet porte sur le « Big Data ». Comment intégrer ses données clients off et online afin de pouvoir disposer d’un outil cross canal unique ? Avec cette dernière problématique, la convergence entre le monde du web et de l’informatique devient incontournable.
Est-ce pour cela que vous lancez le salon Swiss IT Business (SITB Genève) concomitamment de eCom Genève ?
C’est effectivement l’une des raisons. Jusqu’à présent le monde du web et celui de l’informatique se tournaient le dos. Mais aujourd’hui il devient vital d’intégrer toutes les bases de données dans un système d’information unique au sein de l’entreprise (CRM, ERP, etc.), sous peine de ne pouvoir offrir une véritable expérience transmédia à ses clients.
Raison pour laquelle, dès l’an dernier, j’avais intégré des exposants IT au eCom, mais comme cet aspect prend de l’importance, j’ai estimé que cette année le IT méritait d’avoir son propre salon. Et à mon grand étonnement, j’ai dû refuser dix exposants faute de place. Ce qui me conforte dans mon intuition : il y a bien une demande !
Combien d’exposants seront présents aux deux salons ?
80 pour eCom Genève et 50 pour SITB Genève.
Quid de l’e-commerce en Suisse romande ? Comment évolue-t-il ?
On dispose de très peu de chiffres sur ce marché. Il y a des créations d’entreprises, des enseignes traditionnelles franchissent le pas, mais sans vision d’ensemble, il est difficile de définir ce qui marche et ce qui ne fonctionne pas. Seule certitude, ces e-boutiques sont, à l’instar du marché, de petite et moyenne taille.
Un grand nombre d’exposants français étaient présents lors des deux précédentes éditions du eCom Genève ; peut-on en déduire que la Suisse reste un marché à conquérir pour les e-commerçants français ?
L’e-commerce est hyperconcurrentiel en France, de plus l’Etat aide les entreprises qui cherchent à se développer à l’exportation. La Suisse romande, par sa proximité, sa langue, son franc fort, sa situation économique, est logiquement en ligne de mire des acteurs hexagonaux. Mais la forteresse n’est pas facile à prendre. Les freins structurels sont réels, les droits de douanes, les frais de transports, etc., comme les habitudes des Romands qui achètent encore local et peu sur le web. Cela rend la conquête du marché suisse lente et périlleuse. Une chance pour les entrepreneurs locaux et les enseignes suisses qui ont la possibilité et le temps de mettre en place leur stratégie eCommerce.
A terme, y a-t-il péril en la demeure ?
Je ne crois pas au statu quo, je pense que venant de France ou d’Allemagne, le marché suisse va voir apparaitre à moyen terme des acteurs étrangers. Tout dépendra du niveau d’intérêt des logisticiens et transporteurs, qui seront sans doute des acteurs clés dans le développement de l’eCommerce en Suisse, que ce soit au niveau local ou sur un plan international.
Comment a évolué le eMarketing ?
Après le SEM et SEO, le emailing, le display, le retargeting, voici que la question du « temp réel » préoccupe les digital marketers. Cette année, le développement des plateformes RTA (Real Time Adversing) ou RTB (Real Time Biding) est au centre de tous les débats. à l’instar de la qualification des bases de données via des plates-formes sociales, comme par exemple celle de Facebook. Année après année, le niveau de technicité augmente, sans parler des investissements indispensables que les marques doivent consentir dans des outils capables d’intégrer tous les nouveaux paramètres. Résultat, les budgets marketing sont souvent plus accaparés par la mise à niveau que par l’opérationnel ; ce n’est qu’une étape mais qui a une incidence sur le volume des campagnes online.
Quel paradoxe, ce qui devait simplifier la vie des professionnels finit par la compliquer…
Raison pour laquelle la fonction de directeur marketing digital devient une nécessité dans les entreprises, de même que la formation des équipes aux développements du numérique. Je pense que cela explique la forte fréquentation de eCom, qui l’an dernier a comptabilisé 1500 entrées. Je suis convaincu que nous dépasserons en 2013 la barre des 2000.
Avec une telle affluence, est-ce encore raisonnable de tout concentrer sur un jour ?
La question va commencer à se poser notamment en raison du nombre conférences. Sur deux jours, le public aurait plus de chance de pouvoir suivre plus de séminaires. Rien n’est figé dans le bronze…
Le succès attirant le succès, songez-vous à passer en payant pour vos prochaines éditions ?
En reprenant le concept de la Convention e-Commerce de Genève, j’ai adopté le principe de l’entrée gratuite pour le public, avec des exposants et des conférenciers payants pour leur présence. Il est difficile de revenir sur ce modèle qui offre une grande visibilité. Je travaille sur un concept partiellement payant, mais ma motivation ne sera pas mercantile, une partie des recettes sera reversée à une ONG.
En attendant, vous lancez cette année déjà votre 1er prix eCom.
Oui, le 29 avril nous remettrons les premiers trophées romands de l’eCommerce. Trois prix (or, argent, bronze) seront décernés aux meilleurs sites d’e-commerce romands, choisis par un jury de professionnels indépendants qui fera la sélection en fonction de 10 critères. Un événement qui permettra de réunir tous les exposants et les professionnels du secteur le soir avant l’ouverture du salon. L’ambiance n’en sera que meilleure…
Propos recueillis par Victoria Marchand
www.salon-ecom.com
www.salon-sitb.ch